3

Je me suis toujours intéressé aux enquêtes policières de mon père, mais je n’aurais jamais pensé que l’une d’elles me passionnerait pour des raisons directes et personnelles.

Je ne l’avais pas encore revu. Il n’était pas à la maison lors de mon arrivée et, baigné, rasé, changé, j’étais tout de suite sorti pour aller rejoindre Sophia. Quand je revins, Glover me dit que mon père était dans son cabinet. Je le trouvai assis à son bureau, le nez plongé dans des papiers. Il se leva à mon entrée.

— Charles ! Un moment qu’on ne s’est vu !

Notre reprise de contact, après cinq ans de guerre, eût paru bien décevante à un Français. Pourtant, nous étions l’un et l’autre réellement émus. Le « pater » et moi, nous nous aimons bien et nous nous comprenons.

— J’ai un peu de whisky, dit-il, tout en emplissant un verre. Arrête-moi quand tu en auras assez ! Je suis désolé de n’avoir pas été à la maison pour t’accueillir à ton retour, mais j’ai du travail par-dessus la tête et je n’avais certes pas besoin de la fichue affaire qui me tombe dessus aujourd’hui !

Renversé dans un fauteuil, j’allumai une cigarette.

— Aristide Leonidès ? demandai-je.

Il me dévisagea une seconde, sourcils froncés.

— Qu’est-ce qui te fait dire ça, Charles ?

— Alors, je ne me trompe pas ?

— Comment as-tu deviné ?

— Un tuyau.

Il attendait. J’ajoutai :

— Et un tuyau sûr.

— Voyons ce que c’est !

— La chose ne va peut-être pas te plaire, repris-je. Quoi qu’il en soit, voici ! J’ai fait la connaissance de Sophia Leonidès au Caire, nous nous aimons et j’ai l’intention de l’épouser. Je l’ai vue ce soir. Elle a dîné avec moi.

— Dîné avec toi ? À Londres ? Je me demande comment elle a fait. Toute la famille avait été priée – oh ! très poliment – de ne pas bouger de chez elle !

— Je sais. Elle a filé par la fenêtre de la salle de bains, le long d’une descente d’eau.

Un sourire voleta sur les lèvres du « pater ».

— On dirait que c’est une femme de ressource !

— Mais ta police a l’œil et un de tes hommes l’a suivie jusqu’au restaurant. Je serai mentionné dans le rapport qui te sera remis : un mètre soixante-quinze, cheveux bruns, yeux bruns, complet râpé, etc.

Le regard de mon père se posa sur moi.

— Dis-moi, Charles… C’est sérieux cette histoire-là ?

— Oui, papa, répondis-je. C’est sérieux.

Il y eut un silence.

— Ça t’ennuie ? demandai-je.

— Ça ne m’aurait pas ennuyé, il y a seulement huit jours. La famille est honorable, la fille aura de l’argent… et je te connais. Tu sais garder la tête froide. Mais, dans la situation actuelle…

— Dans la situation actuelle ?

— Tout est peut-être on ne peut mieux, si…

— Si ?

— Si l’assassin est le bon.

Cette phrase, c’était la seconde fois que je l’entendais ce soir-là. Elle commençait à m’intriguer.

— Que veux-tu dire par là ?

Il m’examina du regard.

— Que sais-tu de l’affaire, exactement ?

— Rien.

— Rien ? La petite ne t’a rien raconté ?

— Non. Elle prétend préférer que je voie les choses avec des yeux non prévenus.

— Je serais curieux de savoir pourquoi.

— N’est-ce pas évident ?

— Non, Charles, je ne crois pas.

Le front soucieux, mon père fit quelques pas dans la pièce. Il avait laissé son cigare s’éteindre, signe manifeste chez lui de préoccupation.

— Que sais-tu de la famille ? me demanda-t-il soudain.

— De la famille ? Je sais qu’il y avait le grand-père et tout une collection de fils, de petits-fils et de parents par alliance. Je n’ai pas très bien saisi ce qu’ils étaient les uns par rapport aux autres… et je serais sans doute plus renseigné si tu me mettais au courant !

— C’est mon avis.

S’asseyant, il poursuivit :

— Je commencerai par le commencement, c’est-à-dire par Aristide Leonidès. Il avait vingt-quatre ans à son arrivée en Angleterre…

— C’était un Grec de Smyrne.

— Ah ! tu sais ça ?

— Oui, mais c’est à peu près tout.

La porte s’ouvrit devant Glover, qui venait annoncer l’arrivée de l’inspecteur principal Taverner.

— C’est lui qui est chargé de l’enquête, m’expliqua mon père. Je vais le faire entrer. Il a pris des renseignements sur la famille et il en sait sur elle beaucoup plus long que moi.

Je demandai si c’était la police locale qui avait sollicité l’intervention du Yard.

— L’affaire est de notre ressort, Swinly Dean appartenant à la grande banlieue.

Je connaissais Taverner depuis des années. Il me serra les mains avec chaleur et me félicita de m’être tiré indemne de la grande bagarre.

— Je suis en train de mettre Charles au courant, lui dit mon père. Vous rectifierez, si je me trompe. Leonidès donc, arriva à Londres en 1884. Il ouvrit un petit restaurant dans le quartier de Soho, gagna de l’argent, en créa un second, puis un troisième, et bientôt en posséda sept ou huit, qui faisaient des affaires excellentes.

— Le bonhomme, fit remarquer Taverner, n’a jamais commis la moindre erreur.

— Il avait du flair, déclara le « pater ». Il finit par être intéressé dans tous les restaurants un peu connus de Londres. Il s’occupa alors d’alimentation sur une grande échelle.

— Il était derrière bien des affaires d’un tout autre genre, ajouta Taverner. Des tas de choses l’intéressaient : les vêtements d’occasion, la bijouterie « fantaisie », etc. Ah ! il en a possédé, des gens !

— C’était un escroc ? demandai-je.

L’inspecteur secoua la tête.

— Je ne dis pas ça. Rusé, finaud, mais pas escroc. Il ne se mettait jamais dans le cas d’être poursuivi, mais il était de ces malins qui pensent à toutes les façons de tourner la loi. C’est comme ça que, tout vieux qu’il était, il a ramassé un gros paquet durant la guerre. Il ne faisait rien d’illégal, mais, quand il mettait quelque chose en train, il devenait urgent de voter un texte comblant la lacune dont il avait trouvé moyen de tirer parti. Quand la nouvelle loi intervenait, il s’occupait déjà d’autre chose.

— Le personnage, dis-je, ne me paraît pas avoir été bien sympathique.

— Ne croyez pas cela ! s’écria Taverner. Il l’était, avec une personnalité qui s’imposait dès l’abord. Physiquement un vrai nabot, haut comme trois pommes, terriblement laid, mais dégageant un extraordinaire magnétisme. Les femmes l’adoraient. Il fit d’ailleurs un mariage étonnant. Il épousa la fille d’un squire campagnard, grand chasseur de renards.

— Mariage d’argent ?

— Du tout ! Mariage d’amour. Elle le rencontra un jour qu’elle s’occupait d’organiser le buffet pour les fiançailles d’une de ses amies. Elle tomba amoureuse de lui et l’épousa, malgré l’opposition de ses parents. Il avait du charme, je te le répète, et dans sa famille, elle s’ennuyait à mourir.

— Et le mariage fut heureux ?

— Très heureux, si surprenant que cela paraisse ! Évidemment, leurs amis respectifs ne se fréquentèrent pas – en ce temps-là, l’argent n’avait pas encore aboli les distinctions de classes – mais la chose ne semble pas les avoir chagrinés. Ils se passaient d’amis. Ils firent construire à Swinly Dean une maison passablement ridicule, où ils vécurent et eurent beaucoup d’enfants.

— Comme dans les contes de fées !

— Le vieux Leonidès fut bien inspiré en choisissant Swinly Dean. Il n’y avait encore qu’un golf et l’endroit commençait seulement à devenir chic. La population se composait d’une part, d’habitants qui étaient là depuis fort longtemps, qui adoraient leurs jardins et à qui Mrs Leonidès fut tout de suite sympathique, et, d’autre part, de riches hommes d’affaires de la Cité, qui ne demandaient qu’à travailler avec Leonidès. Ils purent donc choisir leurs nouvelles relations. Leur union fut, je crois, parfaitement heureuse, jusqu’à la mort de Mrs Leonidès, emportée en 1905 par une pneumonie.

— Elle le laissait avec huit enfants ?

— L’un d’eux était mort en bas âge. Deux des fils furent tués au cours de la Première Guerre mondiale. Une fille se maria et alla se fixer en Australie, où elle mourut. Une autre, encore célibataire, périt dans un accident d’auto. Une autre, enfin, mourut, il y a un an ou deux. Restaient seuls vivants, le fils aîné, Roger, marié, sans enfant, et Philip, qui a épousé une actrice assez connue dont il a trois enfants, la Sophia dont tu m’as parlé, Eustace et Joséphine.

— Et tout ce monde vit à « Three Gables » ?

— Oui. La maison de Roger Leonidès a été détruite par une bombe, tout au début de la guerre. Philip et sa famille vivent à « Three Gables » depuis 1938. Il y a aussi une vieille tante, miss de Haviland, sœur de la première Mrs Leonidès. Elle avait toujours détesté son beau-frère, mais, à la mort de sa sœur, elle considéra comme son devoir d’accepter l’invitation de Leonidès qui lui offrait de vivre chez lui et d’élever les enfants.

— Elle a un très vif sentiment de son devoir, fit observer l’inspecteur Taverner, mais elle n’est pas de celles qui changent d’avis sur les gens. Elle a continué à juger très sévèrement Leonidès et ses méthodes.

— Au total, dis-je, la maison est pleine. D’après vous, qui a tué ?

Taverner eut un geste d’ignorance.

— Trop tôt pour avoir une opinion ! Bien trop tôt !

— Allons ! répliquai-je. Je parie que vous connaissez le coupable. Dites-nous qui c’est, mon vieux ! Nous ne sommes pas au tribunal.

— Non, reprit-il d’un air sombre. Nous ne sommes pas au tribunal et il est bien possible que nous n’y allions jamais !

— Vous voulez dire que le vieux Leonidès n’aurait pas été assassiné ?

— Oh ! assassiné, il l’a été ! Mais il a été empoisonné et, les histoires de poison, c’est toujours pareil ! On a un mal de chien à trouver une preuve. Tout semble désigner quelqu’un…

— Nous y sommes ! m’écriai-je. Votre conviction est faite et, le coupable, vous le connaissez !

— Il y a une très forte présomption de culpabilité. Elle saute aux yeux. Seulement, je ne suis sûr de rien… Et je me méfie.

Je me tournai vers le « pater », implorant des yeux son appui.

— Dans les affaires de meurtre, dit-il sans hâte, la solution qui paraît évidente est généralement la bonne. Leonidès, Charles, s’était remarié il y a dix ans.

— À soixante-quinze ans ?

— Oui. Pour épouser une fille de vingt-quatre.

J’émis un petit sifflement.

— Quel genre de femme ?

— Une petite qui travaillait dans un salon de thé. Fort respectable et jolie, dans le genre anémique et languissant.

— Et c’est elle, la très forte présomption ?

— Dame ! dit Taverner. Elle n’a que trente-quatre ans… un âge dangereux. Elle aime son confort… et il y a un homme jeune dans la maison, le précepteur des petits. Il n’a pas fait la guerre. Faiblesse cardiaque ou quelque chose comme ça… Il y a des réformés qui sont des roublards…

Je regardai Taverner. Des affaires comme ça, on en voit.

— Le poison, demandai-je, qu’était-ce ? De l’arsenic ?

— Non. Nous n’avons pas encore le rapport du toxicologue, mais le médecin croit qu’il s’agit d’ésérine.

— Un produit peu courant. Sans doute ne sera-t-il pas difficile de trouver qui l’a acheté ?

— Le problème n’est pas là. Cette ésérine appartenait à Leonidès. Des gouttes pour les yeux…

— Leonidès avait du diabète, dit mon père. On lui faisait régulièrement des piqûres d’insuline. Le produit est vendu dans de petites fioles, fermées par une membrane de caoutchouc. Avec la seringue hypodermique, on prélève le liquide nécessaire pour l’injection…

Je devinais la suite.

— Et ce n’est pas de l’insuline qu’il y avait dans le flacon, mais de l’ésérine ?

— Exactement.

— Et qui lui a fait la piqûre ?

— Sa femme.

Je comprenais maintenant ce que Sophia avait voulu dire quand elle avait parlé du « bon assassin ».

— La famille s’entend-elle bien avec la seconde Mrs Leonidès ? demandai-je.

— Non. Ils se parlent à peine.

Tout semblait de plus en plus clair. Pourtant, l’inspecteur, on le voyait, n’était pas satisfait.

— Qu’est-ce qui vous chiffonne, là-dedans ? dis-je.

— Simplement que je ne comprends pas, si elle est coupable, pourquoi elle n’a pas remplacé la fiole d’ésérine par une autre, contenant vraiment de l’insuline. Ça lui était tellement facile !

— Il y a de l’insuline dans la maison ?

— Autant qu’on veut ! Des fioles pleines… et des vides. Si elle avait fait la substitution, on peut parier à dix contre un que personne ne se serait aperçu de rien. On ne sait pas grand-chose de l’aspect du corps humain après empoisonnement par l’ésérine. Dans le cas présent, le médecin a vérifié le flacon, pour voir si la solution n’était pas trop concentrée, et, naturellement, il a tout de suite constaté qu’il contenait autre chose que de l’insuline.

— Il semble, dis-je pensivement, que Mrs Leonidès a été ou bien sotte… ou bien forte.

— Vous voulez dire…

— Qu’elle a fort bien pu spéculer sur le fait que vous en viendriez à conclure que personne ne saurait avoir été d’une telle stupidité. Y a-t-il d’autres hypothèses ? D’autres coupables possibles ?

Ce fut mon père qui, d’un ton posé, répondit à ma question.

— Pratiquement, dit-il, tous les gens de la maison peuvent avoir fait le coup. Il y avait toujours, à « Three Gables », des réserves d’insuline pour une quinzaine de jours. Il suffisait de préparer une fiole d’ésérine, de la mettre avec les autres et d’attendre. Fatalement, on devait l’utiliser un jour ou l’autre.

— Et tout le monde avait accès à la pharmacie ?

— Les fioles n’étaient pas mises sous clef, mais rangées sur un rayon, dans la salle de bains. Tout le monde circulait dans cette partie de la maison.

— Mais le mobile ?

Le « pater » soupira.

— Leonidès, mon cher Charles, était immensément riche. Il avait donné aux siens beaucoup d’argent, c’est vrai, mais peut-être l’un d’eux en voulait-il plus…

— Probabilité : celle qui est aujourd’hui sa veuve. Son… soupirant est-il riche ?

— Lui ? Il est pauvre comme une souris d’église ! La comparaison me frappa. Elle me rappelait la citation faite par Sophia et, brusquement, les vers de la ronde enfantine me revinrent en mémoire :

 

Il y avait un petit homme biscornu, qui se promenait

sur une route biscornue.

Il trouva une piécette biscornue, près d’une tuile

biscornue.

Il y avait un chat biscornu, qui attrapa une souris

biscornue.

Et ils vécurent tous les trois dans une petite maison

biscornue.

 

— Quelle impression vous donne Mrs Leonidès ? demandai-je à Taverner. Que diable pensez-vous d’elle ?

Il prit son temps pour répondre.

— Pas facile à dire !… Pas du tout, même !… Allez déchiffrer une femme comme ça ! Elle est très calme, très tranquille… et on ne sait pas ce qu’elle pense. Tout ce que je sais, c’est qu’elle aime se la couler douce, j’en mettrais ma main au feu !… Elle me fait songer à une grosse chatte paresseuse en train de ronronner… Notez que je n’ai rien contre les chats ! Ils sont très bien, les chats…

— Ce qu’il nous faudrait, c’est une preuve !

C’était bien mon avis. Il nous fallait une preuve. La preuve que Mrs Leonidès avait empoisonné son mari. Cette preuve, Sophia la voulait, je la voulais, l’inspecteur principal Taverner la voulait.

Quand nous l’aurions, tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Seulement, Sophia n’était sûre de rien, je n’étais sûr de rien et il me semblait que l’inspecteur principal Taverner, lui non plus, n’était sûr de rien…

 

La maison biscornue
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